Produits pour cuisiner

Comment Chicano Eats a rendu la cuisine mexico-américaine accessible à une nouvelle génération

Comment Esteban Castillo insuffle les saveurs de la cuisine américano-mexicaine dans toutes les cuisines du monde.

2024-11-19
11 min de lecture
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Pour Esteban Castillo, connu sous le pseudo de @chicanoeats, la cuisine a commencé par être une nécessité. Bien avant de devenir l'auteur de livres de cuisine primés qu'il est aujourd'hui, Castillo était un étudiant comme les autres : il était loin de chez lui, les repas nocturnes préparés par sa mère et qu'il prenait pour acquis lui manquaient, et il avait faim.

« J'ai grandi en Californie du Sud et j'y ai vécu toute ma vie jusqu'à ce que je parte étudier dans le nord, dans le comté de Humboldt », raconte-t-il. « J'étais à environ 13 h de route de chez moi, pratiquement coincé au milieu de nulle part. Je pouvais compter le nombre de restaurants mexicains sur les doigts d'une main. Ce fut un véritable choc culturel. »

Les parents de Castillo étaient des immigrés originaires de l'État de Colima, dans l'ouest du Mexique, où ses grands-parents tenaient (et tiennent toujours) un restaurant dans leur arrière-cour. Il a grandi à Santa Ana, en Californie, où plus des trois quarts de la population est latino, et la nourriture qu'il mangeait à la maison en était le reflet : frijoles de la olla, mole, pozole, birria, agua fresca et agua de arroz (une boisson semblable à l'horchata et agrémentée de citron vert, la spécialité de sa mère).

Une fois dans le nord, il appelait sa mère et d'autres membres de sa famille pour leur demander des recettes de plats réconfortants. « Ils se contentaient de me dire : “ajoute un peu de ceci ou un peu de cela”, ce qui me rendait encore plus confus », se souvient-il. Castillo s'est donc lancé dans la cuisine, se fiant à sa mémoire musculaire et à son instinct.

« J'ai dû me replonger dans mon enfance, lorsque je passais du temps avec mes grands-parents qui faisaient de la cuisine pour gagner leur vie et que je restais assis pendant qu'ils préparaient des tacos », explique Castillo. « Je me suis rendu compte que j'avais assimilé beaucoup de connaissances. Il m'a suffi de commencer à cuisiner pour me rendre compte que je savais déjà ce que je faisais. »

L'un des premiers plats que Castillo se souvient d'avoir préparés pour lui-même est le chile rellenos. « Si vous n'en avez jamais fait auparavant, c'est une préparation très longue », dit-il. « Mais bien sûr, j'ai réalisé à mi-chemin que j'étais en mode pilote automatique, en train de faire ce plat de la même manière que j'avais toujours vu mes parents et mes grands-parents le faire. C'était assez incroyable. C'est la raison pour laquelle j'ai commencé à cuisiner ».

À l'université, Castillo a obtenu une licence en relations publiques avec une spécialisation en graphisme. Étant donné que ses études relevaient du département de journalisme, il devait également s'inscrire à l'un des journaux universitaires. Ne trouvant pas un qui soit pleinement représentatif de son groupe démographique, il a décidé d'aider un ami à lancer un nouveau journal bilingue. 

« Le journal s'appelait El Leñador, et il est toujours très populaire aujourd'hui. J'étais directeur artistique et je m'occupais par conséquent de la mise en page, mais j'ai aussi fini par proposer une rubrique intitulée “Mi Cocina, Mi Sazon”, dans laquelle je présentais une recette latino-américaine différente à chaque parution », explique-t-il. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à rédiger des articles sur la gastronomie ».

L'écriture culinaire a été reléguée au second plan après que Castillo a obtenu son diplôme universitaire et a commencé à travailler à plein temps dans le domaine du marketing pour une organisation fédérale à but non lucratif, mais il détestait ce travail. « Il fallait suivre des directives et des règles très strictes », déclare-t-il. « Il n'y avait pas de place pour la créativité ».

Le mari de Castillo l'a encouragé à créer un blogue culinaire pour exprimer sa créativité refoulée (ainsi que ses compétences en cuisine, en photographie et en rédaction culinaire acquises à l'université), et Chicano Eats a vu le jour.

« À l'université, lorsque je cherchais des recettes en ligne, j'avais l'impression qu'il y avait une prédominance de “mamans blogueuses”, et je ne pouvais m'identifier à aucune des voix ou des recettes qui s'y trouvaient », explique-t-il. « C'est donc tout naturellement que j'ai décidé d'axer mon blogue sur les plats que j'ai mangés dans mon enfance. Je voulais créer une ressource qui serait utile au jeune que j'étais à l'université, qui quittait sa famille pour la première fois et qui avait probablement du mal à trouver ces recettes. »

Le blogue, lancé à l'automne 2016, a connu un essor fulgurant. 

« Chicano Eats est devenu pour moi un exutoire qui me permet d'exprimer mes sentiments et de partager des histoires », affirme Castillo. « Je me souviens d'un article publié juste après les élections, qui parlait de ce que je ressentais lorsque j'étais enfant et qui me replongeait dans des sentiments similaires, à savoir qu'on m'évitait parce que je parlais espagnol dans la cour de récréation. C'était comme un retour en arrière, à une époque où j'avais honte d'être “différent“ ».

De nombreuses personnes se sont senties concernées par cet article et par le blogue dans son ensemble. Castillo a établi un lien de parenté particulièrement fort avec ses compatriotes américains d'origine mexicaine de la première génération, coincés dans cette situation familière de tiraillement entre deux cultures. 

« Nous avons l'impression de ne pas être à notre place, ni ici ni là-bas, parce que pour les gens d'ici, nous ne sommes pas assez américains parce que nous parlons espagnol, mais au Mexique, nous ne sommes pas assez mexicains parce que nous sommes nés aux États-Unis et que nous parlons aussi anglais. »

Ce prisme biculturel influence la façon dont Castillo cuisine. « Je ne me contente pas de mettre en valeur les recettes mexicaines traditionnelles, j'aime aussi utiliser les ingrédients classiques du Mexique de manière non traditionnelle », ajoute-t-il. « L'approche culinaire de ma mère lorsque j'étais enfant est la même que celle que j'ai adoptée lorsque j'ai lancé Chicano Eats. » 

Castillo se remémore les étés de son enfance passés dans l'arrière-cour, où sa famille avait une piscine. « Nous demandions des hamburgers et ma mère préparait ce qu'elle pensait être des hamburgers, c'est-à-dire qu'elle prenait du bœuf haché, hachait de la coriandre, la pliait et, au lieu de faire des galettes, elle mettait une boulette de bœuf haché dans la presse à tortilla et l'enfonçait pour que cela ressemble à un smashburger. C'était tellement fin, mais voir comment elle adaptait ses recettes aux produits auxquels elle avait accès à SoCal à l'époque était amusant et stimulant. De la même manière, mes recettes reflètent mon identité d'Américain d'origine mexicaine. »

Lorsqu'il a commencé à travailler sur son premier livre de cuisine, également intitulé « Chicano Eats », Castillo espérait simplement s'appuyer sur ce qu'il faisait déjà avec le blogue : compiler une ressource qui serait utile à n'importe qui, à n'importe quelle étape de son parcours de cuisinier. « J'ai veillé à ce que ce livre contienne toutes les recettes de base : des haricots cuits sur la cuisinière, des recettes à base de riz, du mole, du pozole... »

Mais à sa grande surprise, la partie du livre qui a le plus intéressé les lecteurs a été le chapitre sur les desserts. « Lorsque le livre est sorti en juin 2020, j'ai fait un chocoflan au dulce de leche qui est devenu viral », raconte-t-il. « Je me disais : “je ne comprends pas pourquoi les gens préparent des pâtisseries en plein été, mais vous savez quoi? J'adore ça”. »

Cette attraction, ainsi que les réactions extrêmement positives des lecteurs et des critiques, ont été déterminantes pour la rédaction de son prochain livre de cuisine, « Chicano Bakes », entièrement consacré aux desserts américano-mexicains. L'éditeur a d'abord rejeté l'idée, affirmant qu'il ne pensait pas qu'il y avait un public ou un besoin pour un livre entièrement consacré aux sucreries mexicaines. Mais Castillo a persisté. 

« Je me disais : “c'est vraiment fou que je reçoive une telle réponse. D'autres personnes sont capables de réinventer le biscuit aux pépites de chocolat année après année. Chaque année, les mêmes livres sur les biscuits, les tartes et les gâteaux sont proposés. Pourquoi ne puis-je pas avoir une part de ce gâteau?” ».

Finalement, avec l'aide de son agent, Castillo a réussi. « Chicano Bakes » est sorti en novembre 2022 et s'est immédiatement retrouvé sur la liste des meilleurs livres de cuisine de l'année du New York Times. 

« La semaine où le livre a été publié, il était en rupture de stock dans tellement de magasins que je ne comprenais même pas ce qui se passait », déclare-t-il. « C'est un tel cadeau de pouvoir partager ces recettes qui sont difficiles à trouver, et les rendre accessibles à tout le monde est quelque chose dont je suis vraiment fier. »

Cela explique pourquoi Castillo fait ce qu'il fait : par nécessité. « J'ai toujours à l'esprit l'étudiant Esteban », confie-t-il. « Je veux m'assurer que je prends soin de la personne que j'étais, en essayant de me frayer un chemin dans le milieu culinaire ».

Voici la recette de l'Agua Fresca à la mangue d'Esteban Castillo :

Donne environ 8 tasses

Ingrédients

  • 1½ lb de mangue mûre, coupée en dés

  • 6 tasses d'eau, divisées

  • Le jus d’une lime

  • Sucre au goût

  • Quartiers de citron vert pour la garniture

Préparation

  1. Dans un mélangeur, mélangez la mangue, 4 tasses d'eau et le jus de citron vert.  Passez au mélangeur pendant une minute à grande vitesse jusqu'à ce que le tout soit homogène. 

  2. Filtrez dans un pichet, ajoutez les 2 tasses d'eau restantes, puis ajoutez le sucre au goût. 

  3. Servir sur de la glace avec un quartier de citron vert.

CRÉDIT PHOTO : gracieuseté d'Esteban Castillo